Télécharger le communiqué de presse avec nos 12 mesures pour l’école inclusive.
1 Décorréler l’âge biologique de l’enfant du niveau scolaire administratif en cas de handicap intellectuel, afin de tenir compte du décalage « d’âge mental », notamment lors de l’inscription à l’école maternelle. Exemple : inscription dérogatoire en petite section de maternelle possible à 4 ans au lieu de 3 ans, pour laisser à l’enfant en situation de handicap cognitif plus de temps pour combler son retard de développement par rapport à la moyenne des enfants en âge de démarrer l’école.
2 Autoriser le redoublement pour les élèves en situation de handicap intellectuel, pour tenir compte de leurs modalités d’apprentissage en temps long et de la nécessité de plus de répétitions pour ancrer les compétences. Actuellement, un seul redoublement est autorisé (appelé « maintien ») typiquement en grande section de maternelle. Il faudrait autoriser un redoublement par cycle pour les élèves affectés par une déficience cognitive reconnue par la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées).
3 Rédiger des programmes nationaux adaptés, déclinés des programmes officiels nominaux, avec 2 niveaux d’allègements et de simplifications, au moins pour les cycles 1 (petite à grande section de maternelle) et cycle 2 (CP à CE2), afin de faciliter la conception des progressions annuelles adaptées. L’expérience montre que les enseignants ont des difficultés pour élaborer le PAOA (Programmation adaptée des objectifs d’apprentissage) lorsqu’il faut traduire dans la pratique pédagogique et les objectifs pédagogiques les exigences globales d’adaptation scolaire issues du PPS (Projet personnalisé de scolarisation) notifié par la MDPH.
4 Former (sérieusement) les enseignants et les AESH sur le handicap intellectuel, y compris sur les méthodes pédagogiques alternatives éprouvées en contexte de difficultés cognitives afin qu’ils ne soient plus démunis en classe face à des enfants qui apprennent plus lentement et différemment. Exemples : ABA (Applied behavior analysis, démarche comportementale permettant une progression par micro-objectifs avec utilisation de renforçateurs pour ancrer les progrès), Montessori (approche par stimulations ludiques et concrètes, développée par Maria Montessori à l’origine pour des enfants affectés par une déficience cognitive), CAA (Communication alternative et augmentée, offrant de moyens de communication visuels à base de pictogrammes – tels que planches TLA, PODD, PECS – pour les personnes non verbales).
5 Rédiger au niveau ministériel, et mettre à disposition à l’échelon national, des guides pédagogiques par types de handicap, notamment cognitif (trisomie 21 et TSA – troubles du spectre de l’autisme) mais aussi sensoriels (déficience visuelle ou auditive). Des publications ressources peuvent être utilement compilées afin de proposer une synthèse nationale de référence. Exemples : Canada ; Suisse ; Etats-Unis ; Irlande.
6 RESPECTER les choix d’orientation des parents d’enfant porteur de trisomie 21 (ou de tout autre handicap), y compris lorsqu’ils souhaitent un maintien en milieu ordinaire, et NE PLUS IMPOSER une orientation en IME (Institut médico-éducatif) non sollicitée. L’expérience montre que les enfants trisomiques reçoivent d’emblée une orientation en IME dès la fin de l’école maternelle, avec refus d’orientation en dispositif ULIS, même quand les parents ont formulé le choix d’un maintien à l’école en dispositif ULIS.
7 Sanctionner très sévèrement les équipes éducatives qui se permettraient de faire des signalements abusifs à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) pour faire pression quand les parents d’enfant handicapé refusent une orientation en IME ! De nombreux témoignages de parents victimes de ces procédés calomnieux relatent le détournement de l’IP (information préoccupante) en arme d’exclusion scolaire, et des échanges sur les réseaux sociaux entre enseignants sous pseudonymat le suggèrent même comme solution pour se débarrasser d’un élève handicapé.
8 Alléger l’effectif de la classe dès lors qu’un enfant en situation de handicap intellectuel est scolarisé à temps complet en milieu ordinaire, pour faciliter le travail d’individualisation pédagogique de l’enseignant. Les enseignants se plaignent à raison des classes surchargées à 30 – 35 élèves. Réduire les effectifs lorsqu’un enfant en situation de handicap intellectuel est pleinement intégré dans la classe permettrait de renforcer l’efficacité pédagogique pour tous et d’améliorer l’acceptabilité du travail d’adaptation nécessaire pour l’élève handicapé. Toutefois, afin d’éviter que l’élève handicapé ne serve de simple alibi, la contrepartie de cette mesure doit être une inclusion effective à temps complet même en l’absence de l’AESH.
9 Dans le cas des IME, instaurer une OBLIGATION pédagogique (et non une simple recommandation) d’au moins 12 heures de cours par semaine, pour favoriser l’acquisition des compétences scolaires de base (lecture, écriture, arithmétique élémentaire). Actuellement, la scolarisation en IME est scandaleusement insuffisante, avec en moyenne 3 heures de « cours » hebdomadaires, quand ce n’est pas zéro. Très insuffisant pour apprendre à lire, et après on affirmera sur résultat que l’enfant n’est pas capable et n’avait donc rien à faire à l’école ordinaire (justifiant a posteriori son éviction scolaire), alors qu’on ne lui a tout simplement pas offert les moyens d’apprendre.
10 Dans le cas des IME, instaurer une co-tutelle du Ministère de l’Éducation Nationale (et non pas une tutelle unique du Ministère de la Santé). Il est aberrant que le Ministère de l’Education nationale se désintéresse totalement de la scolarisation des enfants et adolescents en situation de handicap intellectuel sous prétexte qu’ils sont affectés dans un IME. L’accès à l’éducation scolaire est un droit, et il incombe au Ministre de l’Education nationale d’en garantir l’organisation et la qualité, et non au Ministre de la Santé (qui ne devrait intervenir que sur les soins de rééducation et de suivi médical). Une tutelle partagée entre ces deux ministères relève du bon sens.
11 Dans le cas des IME, RECRUTER des enseignants spécialisés car il est indécent de comptabiliser 1 professeur pour 31 élèves handicapés âgés de 3 à 20 ans : il y a encore moins de moyens humains pour scolariser les enfants handicapés en IME qu’en classe ordinaire ! En 2021, on comptabilisait seulement 3500 enseignants intervenant en IME pour près de 70 000 enfants et adolescents tous âges confondus sur l’ensemble du territoire. Les pénuries d’enseignants sont très préoccupantes dans le milieu dit « spécialisé ».
12 Affecter aux élèves porteurs de trisomie 21 une aide AESH INDIVIDUELLE et à TEMPS COMPLET : une semaine de cours à l’école maternelle ou primaire, c’est 24 heures de classe par semaine (et non pas 6 ou 12). De très nombreux témoignages, recours administratifs, pétitions, attestent chaque année de notifications insuffisantes et du refus des établissements scolaires d’accueillir les élèves handicapés en classe en l’absence d’AESH. Notifier moins d’un temps complet individuel, c’est déscolariser les enfants porteurs de trisomie 21 !
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