Monsieur le Premier Ministre,
Au nom du collectif T21 Espoir, qui défend notamment les droits des enfants en situation de handicap intellectuel, nous vous adressons cette lettre ouverte à l’occasion des 20 ans de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
Force est de constater qu’il n’y a pas lieu de célébrer cet anniversaire. Le bilan est accablant, particulièrement en ce qui concerne l’inclusion scolaire des enfants en situation de handicap intellectuel. La promesse d’une société inclusive reste lettre morte, tandis que perdure un système à deux vitesses qui maintient nos enfants dans un monde parallèle, « le monde du handicap ».
Nos enfants trisomiques et autistes demeurent largement exclus de l’école ordinaire, relégués dans des institutions médico-sociales qui, malgré la bienveillance de leurs personnels, perpétuent un modèle ségrégatif que nous ne pouvons plus accepter en 2025. Cette séparation précoce et systématique nie leur droit fondamental à l’éducation et hypothèque leur avenir.
L’exemple de l’Italie, où 100% des élèves en situation de handicap sont scolarisés en milieu ordinaire, démontre qu’une autre voie est possible. Ce n’est pas une utopie, c’est un choix de société qui nécessite une volonté politique forte et des moyens à la hauteur de cette ambition.
Monsieur le Premier ministre, vous avez récemment comparé la croissance des enfants à celle des poireaux. Nous sommes d’accord : les enfants ne poussent pas tous à la même vitesse. Mais permettez-nous d’aller plus loin : ils ne sont pas des légumes qu’on peut trier et classer selon leur apparence ou leurs capacités. Ils sont tous, sans exception, l’avenir de notre pays.
Nos enfants en situation de handicap ne sont pas des objets de soin, ils sont des sujets de droits à part entière. Ils ne demandent pas la charité, mais l’égalité. Ils ne réclament pas des faveurs, mais la justice. Ils n’attendent pas la pitié, mais le respect de leurs droits fondamentaux.
Nous vous demandons solennellement :
- Une refonte complète du système actuel pour mettre fin à la ségrégation scolaire ;
- Un plan d’investissement massif dans la formation des enseignants et l’accompagnement en classe ;
- La transformation progressive des institutions médico-sociales en centres de ressources au service de l’inclusion scolaire ;
- Un calendrier précis et contraignant pour atteindre l’objectif d’une inclusion scolaire totale.
Le temps des demi-mesures est révolu. La France ne peut plus se satisfaire d’être à la traîne de l’Europe en matière d’inclusion scolaire. Nos enfants ne peuvent plus attendre.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de notre haute considération.
Le collectif T21 Espoir